STOREFRONT #3 - Aurore-Caroline Marty

du 6 janvier au au 16 février 2020

Depuis le lundi 6 janvier, l’artiste Aurore-Caroline Marty occupe la boutique des Bains du Nord à Dijon, pour une résidence suivie d’un temps d’exposition jusqu’au 16 février 2020.

Lauréate de la troisième édition de cette résidence organisée en partenariat avec le FRAC Bourgogne, Aurore-Caroline est diplômée de l’ENSA Dijon depuis 2010 et travaillera pendant un mois dans la Boutique des Bains du Nord aux vues de tous.

L'exposition de son travail se tiendra dans ce même espace du 1er au 16 février 2020.

Vernissage le vendredi 31 janvier 2020 à 18h.

Pour cette résidence, je veux recréer une sorte de grand studio photo avec les éléments en ma possession (kistchotèque, objets-sculptures et divers modules donc), d’en créer de nouveau et d’exploiter les divers produits du marché en y marquant mon empreinte (peindre des fruits, abuser des fleurs naturelles et artificielles…) pour réaliser une série de photographies dans un but ultime de monstration dans des caissons lumineux. Les 4 semaines de résidence seraient mises à profit dans un premier temps pour créer ces mondes, construire les modules-sculptures nécessaires et fabriquer les costumes ; dans un deuxième temps faire les photographies avec ces personnages ‘recrutés’ ici et là. La construction, la scénographie et ces mises scènes seraient à la vue des passants par la vitrine. Pour l’exposition, les divers décors crées et fabriqués sont laissés sur place, les objets, modules utilisés ou non sont présents aussi, laissant à voir l’envers du décor, les coulisses, le processus, la mise en abyme du propos artistique.[…]
Aurore-Caroline Marty

Boys Band : produits de divertissement. Fabriqués. Assemblés. Corps athlétiques, esthétiques. Sexy pantins de la parade du faux. Du show.
Boys Band rappelle l’âge d’or de la télévision, déchue. Celle du fantasme. Celle du rêve. Celle de l’onirisme sous poudre. Ile paradisiaque ou radeau à la dérive ?Endroit et envers. Recto et verso. Aurore-Caroline Marty crée des duos, des duels, des dualités. Dualité, c’est à dire qui est double en soi. Tout fait corps et tout diffère. Système binaire. L’ostentatoire et le modeste. La grandeur et la futilité. Le faux luxe et le vrai kitch. Papiers glacés et cartons-pâtes. Muscles et pacotilles. Colosses aux pieds d’argile.
Boys Band se regarde des deux côtés du miroir. Et c’est bien du regard, de ce qui est à voir, dont il s’agit. Ce qui est réellement visible dans la matière, mais aussi les images construites par les codes et les récits. Emprunts de mythologie, deux tableaux. Deux décorums. Et leurs photographies respectives. Des mises en scène qui accueillent des combattants impressionnants de virilité sous leur masque et leur costume. Les hommes deviennent matière. Les membres s’ancrent au sol. Les bustes deviennent architecture. Fusion avec le décor. Tout est solide.
A cet instant même, l’espace scénique est devenu photographie. Moment saisi. Moment de l’apogée. Moment du spectacle. Capture instantanée de la lumière sur Plexiglas, modelée par un processus de décalage créant la 3D. Echappant à la 2D.
Le décor quand à lui reste et survit à l’instant. Tel un vestige, il est à la fois le positif et le négatif de la démonstration. De la mise en scène, où se réinvente le mythe antique à la façon d’un divertissement moderne. Au détour d’une cloison, tout est plus fragile. Tout est plus dérisoire. Les belles matières se jouent de nous. S’effacent tels des mirages et se retrouvent sur des détails plus factuels.
Volte-face des raisons d’être. Aurore-Caroline Marty détourne les objets et leur sens. Rebat les cartes. Au fil de ses créations, les éléments se réinventent. Les sculptures antérieures réapparaissent. Les feuillages céramiques Fallopia. Le coquillage néon Calypso. Les balustrades Bumble Boogie. Et au milieu, ce sont les objets chinés, ça et là : plantes d’aquarium, nuages- bibelots. Tout est sculpture. Tout est cycle. Module. Sculpture. Kitschothèque. Aurore-Caroline Marty introduit le dépassé, le « de mauvais goût » ce jugement de valeur si subjectif, et le fait rentrer dans le mythe. Du rien surgit le grand. Du haut arrive la chute.

Juliette Durand